Revue Lisières n° 9

2000 Laurent Brunet   /

Georges Romathier est un peintre qui a besoin de ce lien fort et privilégié à la nature. Il considère le champ du tableau, tout à la fois comme le lieu d’affrontement et de réconciliation entre le peintre et la nature. Il ne saurait en résulter une imagerie de carte postale, expression niaise de la vulgarité qu’il fustige avec virulence, mais une image où s’est déposée la densité émotionnelle autant qu’intellectuelle d’une expérience vécue au sein de la nature. « Une bataille de signe » en est la traduction plastique, traduction qui souvent, aux yeux du peintre, passe au second plan, car il lui préfère, sans doute pour sa plénitude, le moment vécu que rien ne rattrape. C’est pourquoi le signe chez Romathier n’est jamais un attribut conceptuel détaché du réel, il procède au contraire d’une lecture attentive, sensorielle, du motif qu’il choisit parmi la nature environnante.
Pour que le signe ne soit pas lettre morte, le peintre ou le dessinateur – c’est chez lui la même chose – doit y investir tout ce que la pratique authentique de l’art implique de risques, parfois d’angoisse ou d’impression d’échec, avant de parvenir à cet unisson entre l’homme et la nature. Pour que le signe atteigne toute sa charge signifiante, à la fois dyonisiaque et tragique, il doit se faire l’écho du moment vécu par le peintre au sein de la nature : une affaire de respiration, de rythme et d’authenticité.