1989 Laurent Brunet
Si aujourd’hui Georges Romathier réside et travaille en Charente, pendant plus de vingt années l’essentiel de son travail de peintre prit sa source au pays d’Auguste Chabaud. Les mois d’été, passés près du village d’Eygalières, en Provence, à recueillir une quantité impressionnante de » notes » plastiques ainsi qu’à réaliser des peintures sur place. Tout cela en plein air, face à la nature environnante.
De retour à son atelier parisien, après la belle saison, commençait un autre travail toujours à partir de ce matériau, pour lui indispensable, que constituent ces aquarelles, lavis ou autres selon les années. Lorsqu’on connaît un tant soit peu le travail global du peintre, on ne peut nommer ces » prises sur le vif « , au moyen de mots tels que » esquisse « , » dessin » ou même » études » quoique ce dernier terme soit le moins incorrect. En utilisant l’expression de » notes plastiques « , je souhaite suggérer la notion d’un matériau abondant et divers, sortes d’instantanés issus d’une pratique sérielle, et avec lequel le peintre dialogue librement, lorsqu’il s’agit de passer à la peinture, généralement de plus grand format. Dans cette deuxième phase du travail pictural ; Romathier tente de restituer la même émotion, le même climat qu’il a éprouvé auparavant face au spectacle naturel, en utilisant d’autres médiums et de nouveaux supports. Cela ne consiste jamais en une copie servile des notes dont il dispose, mais en une transposition nouvelle dont l’authenticité est entre autre assurée par la vitesse d’exécution du geste ; geste qui semble porter en lui l’écho d’une mémoire organique de ce qui fut appréhendé, senti, non plus seulement face à la nature mais avec elle ; en elle. Laissons parler le peintre qui qualifie ces notes provençales comme « un journal sensoriel » et surtout laissons la peinture nous parler d’elle-même…